Introduction
J’aime les vieilles voitures thermiques, celles qui vibrent dans tous les sens, sans assistance, avec de vieilles boites manuelles… une voiture qui peut te tuer à la première erreur.
C’est les seules bagnoles qui m’aient vraiment fait rire tant elles étaient… vivantes. Cette sensation qu’il n’y a que la mécanique, la route et toi. J’ai eu bien plus de plaisir au volant d’une vieille G60 posée par-terre de 160 bourrins qu’avec une RS5 de 450 chevaux bardée de capteurs et de protection pour t’éviter de partir en tête-à-queue à la première erreur.
Mais mon côté geek m’a quand même toujours un peu poussé vers Tesla, l’électrique et l’hyper technologie. J’avais eu l’occasion d’en conduire quelques-unes sur de petits trajets mais sans vraiment « essayer » pour de vrai la voiture, avec toutes les implications de l’abandon de l’essence et… tous les gadgets.
L’occasion s’est présentée et un ami m’a prêté sa modèle 3 (Long Range Dual Motor) durant quelques jours, l’occasion de voir ce que ça valait en daily.
100% électrique
S’asseoir dans une voiture, la démarrer et avancer. Rien de plus commun, mais… il manque quelque chose. Où est le vrombissement du moteur (d’un vieux trois cylindres pourris ou d’un V12, là n’est pas la question) et les vibrations qu’il génère ? C’est très perturbant alors, forcément, on lève le pied et plutôt que de continuer tranquillement dans son élan, on se mange le volant suite à une décélération abrupte et non prévue. La voiture récupère de l’énergie quand on lève le pied droit.
Trois contours plus loin, la question du bruit se dissipe, les impressions de freinage moteur de camion au moindre relâchement trop abrupt de l’accélérateur sont gérées et attendues et… à la première fin de limitation, quand on écrase la pédale qui démange, on découvre un couple phénoménal et instantané. C’est le départ du Blue Fire d’Europa-Park. Aucun lag d’un quelconque turbo, aucune montée dans les rapports pour aller chercher les poneys qui dorment, c’est instantané, complètement grisant et d’un silence assourdissant. Et c’est sans doute ça le plus perturbant.
Les premières heures sont très dangereuses pour le permis quand on a l’habitude de rouler aux sensations, tous les repères sont biaisés. Et ce couple instantané disponible n’importe quand sous l’accélérateur nous appelle, à chaque sortie de virage, de village, dès qu’une personne ne roule pas « assez » vite… il nous crie d’en profiter et de déposer le 99% des véhicules qui nous entourent.
Les batteries étant situées dans le plancher de la voiture (et donc le poids), le centre de gravité est extrêmement bas et les quatre roues motrices offrent une tenue de route incroyable, malgré ses 1850 kg à vide. C’est un vrai karting cette Tm3… et ça ne donne pas trop l’envie de rouler tranquille.
Mais quand on jette un œil sur le compteur, on se calme très vite. Persuadé d’être 20-30 km/h plus lents, la réalité mets une gifle qui ramène les pieds sur terre.
Les premiers jours passés, les records sur les routes de montagne tous explosés (dans le respect le plus strict des limitations en vigueur dans notre pays, ce sont les accélérations en sortie de courbe qui font la différence), et bah… ça passe. L’accélération est toujours la même, la voiture est hyper sécurisante, elle ne permet pas de désactiver les aides à la conduite (il faudrait tester sur la modèle performance qui le permet), elle corrige toutes les erreurs qui sont amusantes… et c’est là qu’on lève le pied et qu’on comprend que ce n’est pas fait pour piloter, c’est un véhicule excessivement fonctionnel, ce n’est pas une GT2 RS avec le pack Weissach qui te tue si tu mets un gramme de pression en trop sur le pied droit.
En conduite « normale » par contre, c’est un véritable bijou.
C’est dans la conduite normale que réside le véritable atout de cette voiture, la magie de l’électrique et de la récupération d’énergie.
Sur l’image, on voit la consommation électrique sur une route de montagne. À la montée, je l’ai un peu poussée et, à la descente, je n’ai littéralement pas touché la pédale de gauche (et j’ai conduit normalement). Et c’est ça qui est fou. Ayant toujours conduit en utilisant le frein moteur, cette récupération d’énergie est merveilleuse, elle offre une fluidité et un confort que je ne pensais même pas possible.
Arrivé en ville et dans la circulation, cette décélération jusqu’à l’arrêt naturel est tellement agréable. Ayant toujours beaucoup anticipé avec les véhicules lourds et la moto, les déplacements se font sans à-coups, les changements de vitesse sont linéaires, silencieux et tellement paisibles…
Comme daily, comme moyen de locomotion pour simplement se déplacer, faire des kilomètres, de la circulation dense, de la ville, etc.. c’est génial.
La voiture offre également la conduite autonome (full self driving)… et ça, c’est terriblement flippant au début, un engin qui accélère, tourne, freine et change de voie toute seule… on se demande juste quand elle va décider d’aller embrasser le premier mur venu. Mais non. Après un aller-retour à Zurich où la voiture à fait sa vie (sur l’autobahn), on prend confiance dans le système. Il reste encore quelques soucis, la bagnole qui plante sur les freins quand quelqu’un rentre sur l’autoroute par exemple, mais voilà… c’est du software, ça se corrige.
Superchargeur et recharge
C’est bien joli de faire le zouave avec une voiture mais pour avancer, elle a besoin d’énergie, et c’est ça qui me faisait le plus souci au début… Comment faire de longs trajets sans être pieds et points liés à cause de la charge ?
Et bien la réponse est toute simple : https://abetterrouteplanner.com/
Il y a des supercharger presque partout, le temps de charge est vraiment court et le réseau s’améliore, plus Tesla vendent de véhicule et plus ils étendent leurs réseaux.
Quand on programme un supercharger dans le GPS, les batteries préchauffent pour accélérer le « plein » et il vous dit combien d’emplacement disponible il reste sur les bornes… Le GPS vous prédit également le niveau de la batterie que vous aurez en fonction de la destination sélectionnée pour éviter que vous soyez pris au piège au milieu de nulle part. Le seul souci que je vois, ce sont les départs de vacances, si vous partez en même temps que tout le monde, le réseau pourrait être surchargé.
Pour la recharge à domicile, si vous n’avez pas une place de parc privée avec un accès à l’électricité, ça risque d’être compliqué. Sinon, même avec une prise « classique » 230V, la recharge est possible. C’est très lent (photo ci-jointe) mais ça suffisant largement pour amortir la consommation d’environ 100 km par jour.
Sinon, il suffit d’installer une prise murale Tesla à domicile et vous n’aurez plus aucun souci. Les seules fois où vous irez au SuperCharger, c’est pour les très longs tragets (plus de 500 km d’autonomie avec la version Long-Range Dual Motor) : https://www.tesla.com/fr_CH/support/home-charging-installation
Mécanique
Sous ses airs de vaisseau spatial, ça reste une voiture avec des pneus, disques, plaquettes, cardan, trapèzes de suspension, etc…
Pour changer les pneus, c’est comme sur n’importe quel véhicule, un coup de déboulonneuse et c’est loin. Je ne sais pas à quoi je m’attendais mais ça m’avais l’air fou ce contraste entre cette ultra technologie et cette « banalité » déconcertante.
Quand vous changez les pneus, elle le détecte et vous demande simplement de sélectionner les jantes que vous avez mises. C’est tout.
Pour les points plus techniques, je n’ai ni les compétences ni le recul pour les aborder mais vous trouverez des review ici : https://www.caradisiac.com/modele–tesla-model-3/avis/
Des gadgets qui n’en sont pas
Une application sur son téléphone pour contrôler son véhicule ? Une absurdité complète me diriez-vous… Et bien pas tant que ça.
D’une fois que vous appairez le smartphone et la voiture, vous pouvez littéralement oublier la clef (qui est en fait une simple carte (que, personnellement, je garderai toujours dans le porte-monnaie en cas de blague technologique)). Quand vous vous approchez de votre Tesla, elle détecte votre téléphone et ouvre la voiture, connecte votre profil (position volant, rétro, siège, musique, température, etc…), vous vous asseyez dedans et vous partez. C’est déconcertant de simplicité et ça devient « normal » au bout d’une journée.
La Tesla étant en permanence connectée, vous pouvez vérifier le niveau de batterie, l’ouvrir, la démarrer, ouvrir les fenêtres, mettre le chauffage, etc… depuis n’importe où dans le monde. Vous avez également sa position GPS en temps réel sur l’application. Ça a l’air con mais c’est vraiment pratique. On s’est servi de la Tesla comme d’un dépôt verrouillable durant le SwissPeaks trail. Étant à Betmeralp (accès interdit aux véhicule), une partie des affaires pour les bénévoles était dans la voiture et quand ils arrivaient, on l’ouvrait pour qu’ils puissent récupérer leur matériel et on la refermait après…
Il y a même une option pour « l’invoquer ». Vous cliquez sur un bouton dans l’application et elle vient vers vous (il faut quand même être à proximité). Voir la voiture avancer et tourner les roues toute seule, c’est assez perturbant la première fois.
Je ne vais pas m’éterniser sur les innombrables fonction et gadgets de cette ordinateur roulant, il me faudrait des heures et je ne suis pas certain que ce soit pertinent. Quoi qu’il en soit, cette fonction de clef sur le téléphone, c’est un réel avantage et ça se révèle indispensable à la longue.
Le modèle X
Après ces quelques jours en modèle 3, j’ai eu l’occasion de tester le modèle X. Une soirée dans les alentours de Collombey et un trajet jusqu’à Bâle m’ont vacciné.
La Tm3 est un karting, la X est un char d’assaut. Elle a des chevaux à ne plus savoir quoi en faire mais c’est tellement lourd, ça se ressent à chaque contour un peu « sport », elle se « lève » quand on mets le pied au fond… bref, c’est pas du tout pour moi.
Niveau confort de conduite par contre, la voiture est mieux insonorisée que la Tm3 (version 2018, les nouvelles sont mieux) et la suspension un peu plus souple est confortable (suspension à air réglagle en hauteur).
Les portes latéral « falcon » sont très design mais elles font un peu leurs vies. Je l’ai ramassée une ou deux fois, ça surprend. Et si c’est un enfant qui la ramasse, ça fait mal.
Bref, je ne suis pas du tout la cible pour ce genre de trotinette mais c’était intéressant d’essayer.
Conclusion
Les niveaux de finition sont très franchement moyens, elle ne laissera jamais partir en travers dans un virage, elle n’a pas « d’âme », la technologie absolument partout n’est pas très rassurante, elle est prévisible mais, très franchement, si j’avais les moyens, je prendrais ça comme daily.
Elle est spacieuse, avale les kilomètres sans aucun effort, est toujours chargée et prête à partir devant la maison, le réseau de supercharger est fou, quand il faut dépasser, c’est une fusée, elle conduit presque toute seule sur l’autoroute, en conduite tranquille, c’est un régal, elle est relativement discrète…
Je ne m’attendais pas à ça très sincèrement, mais j’ai été surpris en bien. Un immense merci au propriétaire pour sa confiance et à vous, lecteurs, d’être arrivés jusqu’ici.